The Big Stick: The Limits of Soft Power and the Necessity of Military Force

Eliot Cohen est professeur de relations internationales à la Johns Hopkins School of Advanced International Studies et a travaillé comme conseiller au Département d’Etat américain de 2007 à 2009 (lien vers sa biographie officielle). Il s’est notamment fait remarqué par son ouvrage « Supreme Command: Soldiers, Statesmen, and Leadership in Wartime », publié en 2002. Sa carrière est ponctuée d’allers-retours entre les missions dans le monde universitaire et le monde de la national security, que ce soit au Pentagone ou dans des commissions diverses. Situé à droite de l’échiquier politique américain, il fut un avocat de la guerre en Irak et conseiller aux questions de défense et de politique étrangère du candidat à l’élection présidentielle Mitt Romney. Le livre ici recensé, par sa date de publication autant que son contenu, a vocation à soutenir la politique étrangère américaine d’un candidat républicain. Il s’inscrit dans la lignée des livres orientés « policy-making », plutôt que dans la lignée des ouvrages à visée purement scientifique.

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Même si le candidat puis président Trump a déstabilisé les observateurs, il semble aujourd’hui ne pas vouloir s’écarter des fondamentaux de la politique étrangère américaine (lien vers un article ayant prévu ce revirement, ce dès décembre 2016). Cet ouvrage, au-delà de sa valeur individuelle, devient alors une porte d’accès à la vision du monde et au positionnement que devrait avoir les Etats-Unis, première puissance militaire, diplomatique et économique au monde, d’après les acteurs conservateurs de la National Security.

Dès l’introduction, l’auteur rappelle que les Etats-Unis assument dans le monde un rôle particulier, assumé dès le début du XXème siècle. Ainsi, son titre, The Big Stick, trouve son origine dans un discours du premier président Roosevelt qui établit la doctrine du même nom, dont l’idée principale est d’assumer le rôle de policier à son pays sur la scène internationale.

Le livre se divise en deux parties : la première fait un état des lieux de la puissance militaire états-unienne (chapitre 1 à 3), la seconde définit les menaces sécuritaires à venir tout en les hiérarchisant (chapitre 4 à 7). La conclusion énonce des lignes directrices pour permettre l’avènement d’une nouvelle doctrine (chapitre 8 et post-scriptum).

Le premier chapitre approfondit le rôle des Etats-Unis depuis le début de la guerre froide, notamment en mettant l’accent sur la reconstruction de l’Europe occidentale, la politique du containment envers un bloc soviétique agressif et le développement du soft power en complément des alliances militaires. Il évoque les arguments pour et contre une accentuation du soft power au détriment du hard power, l’amenant à disserter sur la tension irréductible entre idéalisme et réalisme en prenant pour exemple les effets négatifs des interventions militaires, de la non-intervention et de la capacité des Etats à contourner les sanctions ou à agir de façon irrationnelle face à celles-ci.

Le chapitre deux revient sur les expéditions militaires américaines entre 2001 et 2015, soit « fifteen years of war ». Il met en exergue la spécificité des engagements en Irak et en Afghanistan par rapport aux déploiements américains antérieurs : pour la première fois, la garde nationale fut énormément mobilisée. De même, les gains en expérience de terrain mais aussi logistique font de l’armée américaine l’armée la plus expérimentée au monde. Il catégorise comme suit les échecs et succès de ces engagements :

  • Succès : sur le plan opérationnel, les assassinats des élites ennemis par des équipes spécialement équipées et renseignées, l’interception des communications, le recours aux drones
  • Echecs : manque de compréhension des sociétés concernées par les interventions, échec des programmes de National Building, échec de l’identification des ennemis à affronter, déclaration de victoire trop tôt, manque de préparation de l’opinion au temps long des opérations de contre-insurrection et de stabilisation, manque d’adaptation aux problématiques opérationnels (cf. IEDs), échec d’un accord international sur les prisonniers djihadistes, mauvais travail en coalition (cf. caveats), mauvaises relations civilo-militaires aux Etats-Unis
  • Enfin, un point qu’il considère comme « mitigé » : sur le plan institutionnel : le concept de reconstruction de l’Etat, les US manquant de relais d’influence et les organisations internationales offrant des opportunités de carrière détournant les citoyens compétents des Etats concernés de s’impliquer pour leur propre pays

Au final, les trois guerres (Irak, Afghanistan, contre al-Qaeda) ont vu la présence au sol (« boots on the ground ») remplacée par une lutte faite de forces spéciales et de frappes de drones, le tout en garantissant d’énormes gains d’expériences pour les forces armées américaines. L’Irak est indubitablement un échec, mais selon l’auteur la lutte contre al-Qaeda et la campagne d’Afghanistan sont des réussites. Les forces armées sortent renforcées mais le bilan politique est faible.

Le troisième chapitre fait un diagnostic des capacités matérielles, des compétences et des ressources humaines à la disposition de l’armée. En bref, les Etats-Unis restent extrêmement fort mais ses ennemis ont profité de ces quinze ans de guerre pour se renforcer. Son pays reste une économie forte, dispose d’une scène politique stable, de fortes alliances et d’une bonne démographie : il est toujours le premier dans ces domaines, mais ses marges se réduisent. De même, ses alliés se sont affaiblis, notamment le Royaume-Uni.

En termes d’armes nucléaires, la Chine et la Russie se réarme, alors même que la technologie des armes électromagnétiques se diffusent. En termes de capacités conventionnelles, l’auteur revient sur le nombre d’équipements (tanks, sous-marins, porte-avions…) qui le placent toujours en première place, ce qui lui permet de rappeler que les Etats-Unis n’ont perdu aucun conflit conventionnel depuis la seconde guerre mondiale. La structure du commandement actuel n’est pas complètement passé d’un modèle de guerre conventionnel à celle idéale pour lutter contre la techno-guérilla, même s’il rappelle que certains affrontements relevaient de la guérilla lors de la seconde guerre mondiale. Sur le plan logistique, les Etats-Unis maintiennent leur suprématie, même si le fonctionnement des procédures de développements et d’acquisition devraient être revues. Ceci nécessite de s’attaquer à l’inertie bureaucratique du Pentagone, aux concurrences interarmées mais aussi à l’érosion de la séparation entre temps de paix et temps de guerre. Il finit par insister sur le besoin de maintenir l’effort d’éducation supérieure des officiers. Il regrette que les think tanks soient tournés vers le court terme et tenus par l’administration.

Il regrette que le travail en coalition soit ralenti par les pratiques de retenue des alliés, même si elle permette de faire des Etats-Unis une source d’inspiration pour le monde entier. En définitive, les Etats-Unis reste une force qui compte. D’après l’auteur, les alliés qui vont compter à l’avenir sont Israël, les Emirats arabes unis et la Colombie, et souligne une fois encore le déclin du Royaume-Uni. L’Inde va s’imposer comme un partenaire, même si historiquement cela ne va pas de soi pour les Etats-Unis.

Après ce tour d’horizon des forces armées américaine, les quatre prochains chapitres s’attachent à décrire les menaces pour les Etats-Unis, qu’elles soient des entités clairement définies ou des catégories.

Tout d’abord, la Chine s’impose dans le chapitre 4 comme le challenger sur la scène internationale en tant qu’acteur pouvant affecter l’ordre mondial, au contraire par exemple des groupes terroristes ou même la Russie, qui n’est une menace que pour son environnement proche du fait de son économie et de sa démographie trop faibles.

Les choix budgétaires chinois dans la défense, avec une hausse de 115 à 180 milliards de dollars entre 2014 et 2015, sont majoritairement orientés vers la réforme de la marine, notamment avec sa base à Djibouti. La Chine, au contraire des Etats-Unis, n’hésite pas à les désigner comme une menace à sa sécurité nationale. En termes de culture stratégique, le seul exemple récent évoqué est la guerre de Corée. Les défis internes limitent ses ambitions (société civile, économie) mais sont compensés par le développement du nationalisme chinois. Néanmoins, par son comportement, la Chine s’est elle-même désignée comme une menace commune à tous ses voisins, attitude qu’elle essaie de compenser par sa banque d’investissement qui lui permet d’offrir des prêts sans conditionnalité aux Etats en délicatesse avec le FMI. Elle appuie aussi son soft power sur ses accords commerciaux, ses instituts Confucius et son influence militaire. Néanmoins, le Japon, l’Australie et l’Inde ont tous bâti leurs armées pour répondre à la menace chinoise.

Les Etats-Unis disposent de plusieurs atouts dans la région : son réseau d’alliance, la qualité de ses forces armées, sa façon de mener la guerre. A l’inverse, la Chine a pour alliés la capricieuse Corée du Nord, la Corée du Sud qui reste majoritairement pro-américaine, et la Russie, alors même qu’un racisme réciproque et le maintien d’armes nucléaires tactiques ne peuvent cacher une tenace méfiance réciproque. Les raisons pouvant pousser à un conflit sont donc : 1) l’hubris du nationalisme chinois, 2) la réaction américaine à une provocation chinoise, notamment par la collision entre les nombreux navires et avions dans la zone, ou encore 3) un conflit avec un allié américain (Japon, Philippines, Taïwan). Si un conflit éclatait, la Chine prioriserait la protection de ses intérêts commerciaux en cassant toute coalition contre elle, alors que les Etats-Unis chercheraient à protéger les civils.

Les Etats-Unis doivent, toujours d’après l’auteur, se préparer à réagir. Pour cela, ils peuvent se reposer sur la capacité à remonter en puissance par la conscription, à maintenir l’investissement dans la marine et à faire appel à l’innovation du secteur privé. Le premier levier d’action serait de casser le narrative selon lequel les Etats-Unis sont une puissance en déclin et que la Chine est en croissance.

Le chapitre 5 aborde la menace djihadiste. Elle serait l’inverse de la relation entre les Etats-Unis et la Chine : quand la première est violente mais sans risque de bouleversement sur le temps long, la seconde est non-violente et menaçante à long terme.

Comme tous les auteurs sur le sujet, il revient sur l’interrogation juridique récurrente en la matière : ce conflit relève-t-il de la criminalité ou de la guerre ? Il défend la position qu’il s’agit d’une position d’urgence, en établissant un parallèle avec la situation du Royaume-Uni lors du conflit en Malaisie : il s’agit d’une lutte entre un réseau non-étatique et d’un réseau soutenu par un Etat ; sans déclaration de guerre ni négociation de paix possible. Ici, l’auteur établit un parallèle osé avec la notion de croisade qui s’impose comme définition d’une campagne faite de nombreux conflits d’intensités variables, dont au moins un acteur est motivé par une idéologie totalitaire.

Il revient ensuite sur les sources idéologiques historiques des djihadistes et leurs discours. Puis évalue leurs forces : environ 20 000 combattants en 2015, mais bénéficiant d’une certaine sympathie dans les pays arabes. La situation contemporaine serait comme l’Espagne des années 1930, quand républicains et communistes s’affrontaient, mais à l’échelle planétaire et avec beaucoup plus de mouvements. Cette lutte est ponctuée de nombreux succès tactiques, mais manque de succès stratégique. La réponse tactique des Etats-Unis de référence étant la frappe ciblée, sans résolution des racines du problème. Ces groupes peuvent s’équiper en armes de destruction massive, voire biologique ou même nucléaire, par achat ou suite à une révolution mettant à bas un Etat.

La réponse à cette menace se fera par l’établissement d’un régime d’emprisonnement adapté, une posture sur les valeurs libérales et la stabilisation des Etats faibles les fournissant. Dans cette lutte, si les alliés occidentaux sont des atouts, il est plus compliqué de travailler avec d’autres comme la Russie et la Chine. L’objectif final étant de les réduire à une nuisance et non une menace.

Le chapitre 6 analyse les « Etats dangereux ». L’auteur rassemble dans cette catégorie la Russie, l’Iran et la Corée du Nord qui coopèrent souvent entre eux mais ne forment pas une coalition. Ils ont plusieurs critères en communs : l’autoritarisme, le rapport à la puissance nucléaire et l’hostilité aux Etats-Unis pour sa domination sur l’ordre mondial, et défendent des valeurs non libérales.

Au regard de leur rôle régional et non mondial, il faut répondre à la menace qu’il constitue sur cette échelle. Concernant la Russie, avec ou sans Poutine, elle cherche à détruire l’OTAN pour restaurer sa grandeur. Pour cela, elle renforce pour se préparer à un conflit conventionnel, nucléaire et non-conventionnel. Les Etats occidentaux ont tenté sans succès de normaliser les relations avec ses Etats, il faut donc réagir pour qu’après la Géorige, l’Ukraine et la Syrie, les Etats baltiques ne deviennent pas victimes de sa politique. La réponse doit d’après l’auteur être composée de contre-propagande, de manœuvres diplomatiques et nucléaires, l’emploi de forces spéciales et le déploiement limité de forces conventionnelles.

L’Iran entretient lui aussi une forte haine à l’égard des Etats-Unis, mais aussi les valeurs occidentales. Son passé impérial structure la représentation des élites iraniennes des relations internationales. Il entretient des groupes terroristes qui s’en prennent aux forces américaines, notamment le Hezbollah. Son programme nucléaire est soutenu par le Pakistan depuis 1984. Il craint une intervention des Etats-Unis depuis l’intervention contre l’invasion du Kowëit et pour protéger Israël, sans parler du prestige lié à la possession d’une telle arme. S’il le possédait, la prolifération se propagerait sans doute en Turquie et en Arabie saoudite, qui craigne le retrait américain. De plus, alors que l’Iran ne se retient pas de commettre sabotages et assassinats à l’étranger, il se priverait encore moins de ce type d’attitudes contre ses voisins une fois l’arme nucléaire en sa possession.

La Corée du Nord est dominée, sur le plan conventionnel, par les capacités militaires de la Corée du Sud. Néanmoins, ses capacités nucléaires et balistiques lui permettent d’obtenir des gains par la menace. Elle peut aussi aider à la prolifération des armes nucléaires, ce qu’elle a fait en 2007 avec la Syrie, de même avec l’Iran en matière de missiles balistiques. Si elle n’a pas confiance dans le gouvernement américain, elle peut d’après l’auteur adopter un comportement irrationnel. Ce point de vue n’est pas adopter par tous les chercheurs travaillant sur cet Etat (lien).

Enfin, l’auteur évoque une série d’Etats à l’heure actuelle allié des Etats-Unis mais constituant la catégorie des « amis douteux » : le Pakistan et sa relation particulière aux Talibans et à l’Inde, et qui établit aujourd’hui des liens avec la Chine. La Turquie pourrait suivre ce chemin.

Atteindre quatre objectifs doivent, selon lui, permettre de répondre à ces menaces : éviter l’aventurisme, réassurer les alliés en maintenant les alliances et la politique de non-prolifération, se préparer à affronter des méthodes de guerre « subconventionnal/hybrid », enfin être prêt à recourir à la force préemptivement si risque de recours aux armes nucléaires. Il conclut ce chapitre en soulignant que les autres Etats auraient tendance à sous-estimer les Etats-Unis. Agir contre ces Etats aura aussi des conséquences sur la posture de la Chine comme des mouvements djihadistes. Jouer la division entre les menaces en maniant autant la force que la diplomatie.

Avant de conclure, l’auteur revient dans le septième chapitre sur les espaces non-gouvernés et les communs. Il inclut dans cette notion les océans, l’espace, l’Arctique, certains espaces du continent africain dépourvus de contrôle étatique, de même qu’en Amérique latine. Il évoque une « anarchie aux périphéries du monde », alors que les puissances internationales n’ont plus la volonté de coloniser ces territoires. La solution serait le recours à des proxys servant d’armée au sol pour occuper le terrain, soutenu par la force aérienne américaine et des raids ponctuels de forces spéciales, le tout dans le cadre d’une coalition pour garantir un degré suffisant de légitimité sur la scène internationale. Il ajoute le cyberespace comme nouvel espace de sabotage, d’espionnage et de conflits, où les Etats-Unis ont conquis de l’avance sur leurs opposants, notamment via l’opération Stuxnet contre l’Iran. Une problématique se pose : à partir de quel degré d’intervention avec des outils cyber entre-t-on dans le conflit, notamment au regard des conséquences humanitaires ?

Le huitième et dernier chapitre sert de conclusion à ce livre. L’auteur aborde la nécessité de préserver la crédibilité de son pays dans les relations internationales, pour laquelle la combinaison des moyens de rétorsion (forces spéciales et drones, forces conventionnelles, armes nucléaires, armes cyber) pour répondre aux différentes menaces dont il a fait l’analyse. Il revient sur les différentes publications produites par les instances américaines majeures de prise de décision : le National Security Strategy for the United States par la Maison blanche, le National Military Strategy par le chef de l’état-major des armées rédigé et, le Quadriennal Defense Review (ouvrage plus concerné par les questions budgétaires) par le Département de la Défense. Il défend la rédaction d’un ouvrage unique et prend pour exemple le livre blanc de la Défense français. La capacité des Etats-Unis à agir en coalition, avec ou sans l’OTAN, fait de la détermination des alliés majeurs avec qui agir un élément fondamental de la stratégie nationale. Le déclin du Royaume uni est compensé par la France, mais aussi la montée de l’Allemagne en matière de volonté militaire. L’Inde est définie comme le futur grand allié, même informellement.

Enfin, le livre se termine sur les six grandes règles que l’auteur identifie pour déterminer la politique étrangère américaine : 1) l’identification de l’ennemi et du conflit, allier à une planification rigoureuse pour prendre en considération le milieu du conflit ; 2) agir en premier ; 3) dominer l’ennemi, notamment par sa destruction ; 4) stabiliser la situation ; 5) être prêt à s’engager sur le temps long ; et enfin 6) s’assurer du soutien populaire et du Congrès.

Aux côtés de quelques erreurs factuelles (le printemps arabe a débuté fin 2010 mais s’est déroulé majoritairement en 2011, la volonté française de frapper le régime de Bachar al-Assad en Syrie était en 2013 et non en 2012), certaines affirmations peuvent parfois paraître surprenantes : le rôle de la France (parfois qualifié comme « proxy des Etats-Unis en Afrique ») pour résoudre la crise malienne est survolé alors même que d’autres auteurs insiste sur cette nouvelle donne de la guerre contre les organisations terroristes[1]. L’aide américaine dans ce pays comme dans d’autres Etats africains n’a pas été adéquate pour prévenir les conflits dans cette région du monde ; le constat que certaines zones sont ingouvernables ignore qu’elles sont généralement l’objet d’une gouvernance complexe par les acteurs locaux, processus qu’ignore l’aide militaire américaine. Cette dernière renforce même les dynamiques qui alimentent les conflits dans cette région du monde[2]. On reconnaîtra l’honnêteté intellectuelle qui soutient un bilan réaliste des échecs de l’interventionnisme américain par celui qui fut un de ses avocats. On passera par contre rapidement sur la défense osée de la notion de croisade dont, si elle peut se défendre dans une arène universitaire, l’emploi a plus desservi que servi les objectifs de la politique étrangère américaine depuis les réactions aux attentats du 11 septembre 2001. De même, on émettra des une attitude plus prudente que l’auteur concernant la Chine : plusieurs auteurs ont démontré qu’au-delà de ses postures martiales, cet Etat est parfois amené à agir comme garant de l’ordre mondial, notamment en matière de finances publiques et donc d’échanges commerciaux, rôle que les Etats-Unis invoquent sans plus l’assurer[3]. Néanmoins, ce livre est majoritairement, utile à la fois pour le regard expert de l’auteur sur l’état des armées américaines, ainsi que la hiérarchisation des menaces contre les Etats-Unis ainsi que leurs proches alliés qu’il fait. Et ce, d’autant plus que le président Trump semble revenir aux fondamentaux de la politique étrangère américaine après des débuts tumultueux.

Thibault Delamare. Institut Louis Favoreau. Aix-Marseille Université. 

[1] Christopher Chivvis, The French War on Al Qa’ida in Africa, Cambridge University Press, décembre 2015.

[2] Cf. les travaux d’Edoardo Baldaro : lien.

[3] Simon Reich et Richard Lebow, Good-Bye Hegemony!: Power and Influence in the Global System, Princeton University Press, 2014.

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