La guerre et les femmes

A l’initiative de Jean Baechler[1], l’Académie des Sciences Morales et Politiques[2] a organisé durant la décennie 2010 une série de colloques consacré au thème « guerre et société » dont les actes, publiés aux éditions Hermann, constituent actuellement une collection de près d’une quinzaine d’ouvrages, couvrant un large domaine de recherches[3]. Issu de deux journées d’études tenues en janvier 2016, La guerre et les femmes réunit ainsi dix-sept contributions d’universitaires et de chercheurs francophones spécialistes du sujet. Après une réflexion inaugurale de Jean Baechler, les articles sont répartis en deux sections : « spectatrices et victimes », puis « actrices et auxiliaires ». Au-delà de cette césure, l’ouvrage, par son érudition et la variété des sujets abordés, permet une approche très intéressante du rôle des femmes dans les guerres, comme victimes, comme auxiliaires des combattants masculins, exposées comme eux aux violences du front, et enfin, comme combattantes.

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« Allons, rentre à la maison, veille à tes travaux / Au métier, à la quenouille et ordonne aux servantes de vaquer à leur ouvrage / Du combat, les hommes se préoccupent »[4]. Cette injonction d’Hector à Andromaque dans l’Iliade, rappelée par Nadine Le Meur dans sa contribution[5], souligne le caractère ancien de l’exclusion des femmes de la sphère militaire. Privées du droit de porter des armes, les femmes se sont retrouvées fréquemment dans la position de victimes des hommes à qui était réservé l’usage de la violence guerrière.

L’épouse et l’amante, cantonnées dans la vie civile, ont été d’abord connues, et plus ou moins reconnues, en tant que veuve du combattant mort au champ d’honneur. Dans l’Antiquité grecque, c’est à elles que revient de pleurer les morts et de prendre en charge les thrènes, les chants de deuil[6]. Après la Grande guerre, on compte en France 700 000 épouses veuves pour 1,4 million de tués et de disparus. Comme l’explique Peggy Bette[7], les processus de deuil s’avèrent particulièrement compliqués en raison du délai d’obtention de l’avis de décès, des difficultés d’accès à la dépouille, de l’impossibilité d’une sépulture personnelle en raison de la nationalisation des morts ou de l’obligation pour les veuves de se conformer à des normes vestimentaires et de comportement. En outre, les rapports de genre en Allemagne, en France, en Italie ou en Allemagne influencent les dispositifs de compensation prévus pour les femmes. Les différences de traitement selon le grade du défunt, les circonstances de sa mort ou le nombre d’enfants du couple conduisent à des mobilisations individuelles ou catégorielles pour une revalorisation des pensions, comme celles des femmes de prisonniers de guerre ou des veuves remariées[8].

Autres victimes des guerres, les femmes esclaves dont Olivier Grenouilleau[9] invite à reconsidérer le sort, souvent réduit au stéréotype de l’esclave à fonction érotique. Bien au contraire, explique-t-il, les femmes esclaves sont en réalité sujettes à toutes les exploitations possibles, sexuelle, mais aussi productive ou domestique.

Quatre contributions insistent sur les violences sexuelles dont sont victimes les femmes durant les guerres ou dans les armées. Rappelant la terrible sentence de Cicéron selon lequel « les lois se taisent en temps de guerre »[10], Michèle Battesti[11] retrace les difficultés d’application des textes juridiques visant à interdire les viols de guerre. La tradition du « viol après la victoire », bien établie dans l’Antiquité romaine comme moyen de s’approprier un territoire par le truchement du corps des femmes, est stigmatisée par Saint-Augustin dès le début du Ve siècle[12]. Considéré comme portant atteinte à l’honneur du père, de l’époux ou du clan familial, le viol de guerre reste pourtant largement impuni. Au XVIIIe siècle, dans l’Encyclopédie, la grossesse est encore considérée comme preuve de l’absence de viol puisque l’on pense alors que le « concours respectif est nécessaire pour la génération »[13]. Plus généralement, la sanction des violences contre les civils reste longtemps subordonnée aux nécessités de la situation militaire[14]. Stratégie visant à punir l’adversaire, considéré comme « une prouesse, un exploit du guerrier »[15], le viol devient massif à l’époque des guerres révolutionnaires, puis des guerres coloniales. Au cours du XXe siècle, il  est conçu comme une « arme de guerre » planifiée et exécutée sur ordre de la hiérarchie pour anéantir l’identité collective de l’adversaire : on le pratique à grande échelle durant la Guerre d’Espagne, la Seconde guerre mondiale, durant la guerre d’indépendance du Bangladesh (1971), en Bosnie-Herzégovine (1992-1995), au Rwanda (1994) ou dans la région du Kivu (République démocratique du Congo) entre 1998 et 2010. Et Michèle Battesti, soulignant les traumatismes et stigmates sociaux qui persistent chez les victimes bien après le viol, de conclure : « les viols sont des armes de destruction massive et continue »[16].

Cette difficulté à obtenir la reconnaissance des violences subies est au cœur de la contribution de Christine Lévy[17] consacrée aux demandes de réparation des Ianfu, ces « femmes de réconfort » utilisées pour satisfaire les besoins sexuels des troupes japonaises durant le second conflit mondial. A partir des années 1990, les survivantes n’ont cessé de faire pression sur le gouvernement japonais, par des actions juridiques mais aussi artistiques[18]. Jusqu’à l’accord nippo-coréen de 2015, les autorités japonaises ont cependant été très réticentes, censurant en 2000 les manuels scolaires évoquant le sort des Ianfu ou affirmant en 2007 que le caractère forcé de leur recrutement n’était pas prouvé. Simultanément, les Coréens ont fait porter au seul Japon la responsabilité de l’amnésie collective concernant les Ianfu. Or, leur réintégration dans la société coréenne sous l’appellation affectueuse de grand-mère (Halmoni) a aussi été un moyen de les cantonner dans une innocence peu porteuse d’émancipation.

Dans sa contribution, Christian Benoît[19] atteste par ailleurs de l’ancienneté du recours à la prostitution dans les armées[20]. Il décrit particulièrement le processus d’institutionnalisation des Bordels Militaires de Campagne (BMC) dans l’armée française, dans le contexte de la colonisation de l’Algérie (1830) et de la diffusion de la syphilis. En dépit de la préférence des soldats pour la prostitution clandestine, qui leur évitait les visites médicales de contrôle et de la découverte du traitement par la pénicilline en 1942, ce n’est cependant qu’en 1995 qu’est supprimé le dernier BMC qui subsistait outre-mer pour les légionnaires.

Le problème des violences sexuelles envers les femmes ne disparaît pas avec leur incorporation dans les armées, comme le montre l’article d’Arnaud Planiol[21] : en 2014, on estime ainsi que 19 000 femmes ont été victimes de harcèlement ou d’agression sexuelle de la part de soldats américains[22]. Les nombreux programmes de prévention et de formation mis en place ne semblent pas parvenir à enrayer ce fléau, même si la tendance statistique serait à une diminution des actes de violence et à une augmentation de leurs signalements. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer cette situation : les besoins en recrutement consécutifs aux engagements en Irak et en Afghanistan auraient conduit à incorporer dans les armées une partie des candidats ayant échoué aux tests de sélection et présentant donc des risques plus importants de comportements déviants. Durant ces conflits, les longues durées de déploiement se seraient accompagnées d’un affaiblissement du commandement, les unités déployées n’étant pas commandées par les mêmes chefs qu’en garnison. Des facteurs culturels sont également invoqués : la rigidité des normes de comportement entre les hommes et les femmes aux Etats-Unis  pourrait induire des réactions violentes ; le mépris machiste pour celles ou ceux qui demandent de l’aide inciterait les victimes ou les témoins à se taire…Le dernier élément d’explication est d’ordre institutionnel : les chefs seraient réticents à signaler les faits de harcèlement et d’agression en raison des risques potentiels sur leur déroulement de carrière.

La guerre et les femmes montre également l’action constante des femmes aux côtés des hommes durant les conflits. Dans l’Antiquité grecque, ce sont elles qui gardent les remparts et prient les dieux pour obtenir la victoire[23]. Quant aux femmes esclaves, elles fomentent les révoltes à bord des bateaux négriers, organisent des réseaux d’évasion, refusent d’enfanter ou pratiquent l’art de l’empoisonnement[24]. A l’époque moderne, comme l’explique Marion Trévisi[25], les femmes s’insèrent dans la « zone poreuse » des armées : en France, au XVIIIe siècle, on compte 50 000 suiveurs et suiveuses pour 250 à 300 000 soldats[26]. Cantinières, vivandières, blanchisseuses pratiquent le commerce de vivres et d’alcool qu’elles se procurent en « maraude ». Elles leur portent secours et les ravitaillent durant les batailles. Et elles subissent le sort des captifs, comme celles qui sont internées avec les hommes par les Espagnols sur les pontons de Cadix après la capitulation de Baylen en 1808. Après avoir rappelé le rôle fondateur de Florence Nightingale durant la guerre de Crimée (1853-1856), Chantal Antier[27] évoque dans sa contribution le rôle des « anges blancs » de la Grande guerre, ces infirmières mobilisées en masse par le ministre de la Santé Justin Godart en 1915, quand les prévisions d’une guerre courte s’évanouissent devant les pertes et l’afflux de blessés. Ce sont près de 400 000 femmes (religieuses, salariées et bénévoles), dont des jeunes filles de 13 ans, tout juste sorties de l’école, qui sont envoyées au chevet des blessés[28]. Certaines d’entre elles le payent de leur vie, à l’instar d’Elisabeth Balaguier, tuée dans un bombardement aérien en 1918. A l’arrière aussi, « la guerre est une césure par les expériences qu’elle donne à vivre et par les conséquences durables qu’elle inscrit dans les vies »[29]. Dominique Fouchard[30] en donne une illustration éclairante à travers le récit de la vie de Marguerite Lesage. Née en 1880, infirmière de formation, elle se marie en 1903 avec Gaston Benoit, de 8 ans son ainé. Lorsque celui-ci est capturé dès septembre 1914, c’est elle qui prend la direction des exploitations agricoles (900 hectares de terres) et de la sucrerie de Francières (qui emploie 69 salariés), et ce, jusqu’à la fin du conflit. S’énervant des remarques des hommes qui doutent de ses capacités, elle correspond avec son mari prisonnier, sans toujours obéir à ses injonctions. Marquée par l’expérience, elle reprend la direction de l’usine de 1951 jusqu’à sa fermeture en 1969. Durant la seconde guerre mondiale, les femmes sont encore à pied d’œuvre dans la résistance contre l’occupation nazie. Laurence Bertrand-Dorléac[31] insiste notamment sur le rôle des artistes, comme Rose Valland (1898-1980), attachée au musée des peintres de la Galerie du Jeu de Paume, qui consigne des renseignements sur la destination des œuvres dont les Juifs ont été spoliés. Quant à Germaine Krull, elle dirige en 1940 à Brazzaville le service de propagande de la France libre, débarque en Provence en 1944 et photographie la libération du camp du Struthof en 1945 avant de devenir correspondante de guerre en Indochine. Une dernière illustration des multiples rôles féminins durant les guerres est fournie par le journal du médecin nord-vietnamien Dang Thuy Tram, publié en 2005. Née en 1943, elle s’engage dans l’armée du Nord-Vietnam en 1966, adhère au Parti Communiste en 1968 et passe mille jours dans la région de Quang Ngai avant d’être tuée en 1970, à l’âge de 27 ans. Son récit, comme l’explique Doan Cam Thuy[32], témoigne de la violence du conflit et de l’imprégnation idéologique qui justifie son engagement au cœur des affrontements.

Du rôle d’auxiliaire des hommes dans les guerres à celui de combattante, il n’y a qu’un pas, vite franchi par nombre de femmes au cours de l’histoire. Xavier Hélary[33] s’intéresse à la place de Jeanne d’Arc dans les armées : bien qu’elle n’ait pas été investie officiellement d’un commandement militaire, elle s’affirme « chef de guerre » dans sa Lettre aux Anglais du 22 mars 1429 et est blessée trois fois au combat. Au cours de son procès, elle se défend d’avoir tué et affirme qu’elle préfère l’étendard à l’épée. Mais elle est condamnée au bûcher pour avoir pris l’habit d’homme, seul moyen pour elle de participer aux combats. Carol Mann[34] rappelle aussi l’exemple de Jeanne Hachette luttant contre les Bourguignons en 1472 ou celui, peut-être moins connu, de la hollandaise Kenau Hasselaer qui dirigea un bataillon de 300 femmes contre les Espagnols durant le siège de Haarlem en 1572. Manon Trévisi évoque, quant à elle, le cas d’une épouse qui participe aux combats de la campagne de Prusse (1806-1807) avec son mari[35]. Dans sa contribution, Gilles Tréhel[36] remet en lumière les combattantes de la Grande guerre, qui firent l’objet d’un intérêt éditorial certain, du roman (1916, La Poilue) à l’ouvrage commémoratif publié en 1934 par la Fédération Interalliée des Anciennes Combattantes Féminines (FIDAC). Parmi ces combattantes, citons la française Marie Marvingt, ou la britannique Flora Sandes, ou encore Jioka Terstich, blessée quatre fois, ces deux dernières sous l’uniforme serbe. En Russie, les unités féminines (« Bataillon de la mort de Maria Botchkareva,», Bataillon féminin de Pétrograd…) comptèrent jusqu’à 5000 femmes et, en 1920, la Légion Féminine des Volontaires polonaises regroupait encore 3000 combattantes[37]. Carol Mann souligne également l’engagement des femmes dans les guérillas et les organisations terroristes, du groupe féministe des Mujeres Libres durant la Guerre d’Espagne aux femmes touaregs du MNLA prenant les armes contre Ansar Dine au Mali en 2012 en passant par la brigade féminine Al Khansaa constituée en Syrie en 2014 par l’Etat islamique. Autorisées dès 1964 à participer au combat dans les FARC en Colombie, les femmes combattantes des guérillas sont souvent astreintes à des obligations d’interdiction d’enfanter ou de chasteté. En dépit de ces multiples exemples, « toute l’économie de la violence a toujours été pensée au masculin »[38]. Comme l’explique encore Carol Mann, « l’engagement féminin dans la lutte armée est autorisé dans certaines circonstances délimitées par l’urgence et une temporalité restreinte, face à un ennemi identifié en tant que tel par la communauté »[39].

Pour Jean Baechler[40], les différences biologiques ne sauraient justifier qu’un nombre restreint d’exclusions des femmes de la guerre, aucune raison physiologique n’impliquant que ce soient les femmes qui élèvent les enfants. Analysant les différentes dimensions de la guerre, Jean Baechler considère que les femmes peuvent montrer autant de force et de détermination que les hommes dans le commandement. Leur incorporation peut permettre de libérer les hommes des tâches auxiliaires de préparation, de gestion et d’entretien des forces. Les femmes peuvent également participer au renseignement, à la guerre de siège ou à la guérilla… Et de souligner que « c’est la bataille et même la bataille rangée qui fixe l’attention sur un monopole masculin »[41]. Pour Jean Baechler, « l’exclusion féminine est donc purement et exclusivement culturelle »[42]. Analysant l’augmentation du nombre de femmes dans les armées occidentales depuis les années 1970[43], Bernard Boëne[44] indique que « sans cette injection d’éléments féminins, il manquerait sur les rangs, à la base de la pyramide des grades, quelques 10% supplémentaires d’engagés »[45]. La féminisation des armées occidentales apparaît liée au processus d’égalisation dans les sociétés démocratiques et aux besoins en personnels qualifiés induits notamment par la professionnalisation. Toutefois, la participation des femmes au combat suscite encore des débats nourris entre ceux qui pensent qu’elle risque d’affaiblir l’efficacité militaire et ceux qui considèrent que la distinction entre combattants et non-combattants n’a plus lieu d’être dans les guerres actuelles sans front linéaire. Bernard Boëne conclut à la nature idéologique de ce débat et en relativise les enjeux : « l’ouverture aux femmes des spécialités de combat ne voit venir à elles qu’une très faible proportion de candidates, ce qui n’est pas de nature à changer la donne »[46].

La guerre et les femmes offre à l’évidence un large panorama historique et d’une grande densité sur un sujet longtemps dominé par la recherche anglo-saxonne. Mais, en dépit de ces nombreuses qualités, l’ouvrage n’évite pas certaines ambiguïtés. L’organisation en deux parties apparaît, en l’occurrence, assez artificielle et le découpage retenu aboutit à un classement des contributions parfois peu compréhensible : les « femmes de réconfort » figurent ainsi dans la partie « spectatrices et victimes » mais les femmes des Bordels Militaires de Campagne de l’armée française sont intégrées dans la partie « actrices et auxiliaires ». Dans la même perspective, pourquoi considérer comme « spectatrices et victimes » les femmes de l’art engagées dans la résistance en 1940-1945 ou encore Marguerite Lesage, qui assume la direction d’une sucrerie pendant les quatre années de captivité de son mari  ? Par ailleurs, en dépit de l’important travail d’édition, toutes les contributions ne sont pas accompagnées d’une bibliographie indicative permettant au lecteur d’approfondir, au-delà des notes de bas de page, le sujet traité[47]. Dans la même perspective, on peut s’étonner de l’absence de mention de la Résolution 1325 de l’Assemblée Générale de l’ONU du 31 octobre 2000  affirmant la place centrale des femmes dans le maintien de la paix et de la sécurité et de son impact sur les politiques régionales ou nationales. Le courant des études féministes portant sur la sécurité et les relations internationales n’est également évoqué qu’incidemment, sans références précises[48]. Sur la question de la participation des femmes au combat, certains arguments manquent d’approfondissement : la faible part des femmes dans les condamnations pénales civiles pour violences est-elle une information utile pour discuter de la volonté de combattre de femmes engagées et formées dans les armées ? La nature évolutive du contenu du « combat » est d’ailleurs peu discutée dans l’ouvrage. Enfin, l’affirmation selon laquelle les femmes seraient plus sujettes que les hommes au syndrome post-traumatique[49] aurait méritée d’être nuancée, l’existence d’un consensus dans la communauté scientifique sur ce sujet paraissant pour le moins incertain[50].

Ces quelques observations ne sauraient évidemment remettre en cause l’intérêt de ce livre, qui en raison de sa nature collective, n’a pu consacrer que quelques pages à chacun des thèmes abordés. Fourmillant d’exemples documentés, La guerre et les femmes offre une approche érudite et précieuse qui contribue à lutter contre ce que Michelle Perrot appelait en 1998  le « silence de l’histoire » concernant les femmes[51].

Olivier Gomez, Professeur d’histoire-géographie en lycée (Seine-Saint-Denis), Doctorant en sociologie à l’Université de Lille – CLERSE

[1] Jean Baechler, né en 1937, est professeur agrégé d’histoire-géographie, docteur ès lettres, docteur en sociologie et a été notamment directeur de recherches au CNRS entre 1977 et 1988. En 2011, il a présidé l’Académie des Sciences Morales et Politiques.

[2] L’Académie des Sciences Morales et Politiques, créée en 1795 et supprimée en 1803 a été réinstallée, sous l’impulsion de François Guizot en 1832. C’est l’une des cinq académies qui composent l’Institut de France.

[3] Parmi les actes parus aux éditions Hermann : Baechler Jean (dir.), La guerre et les arts, 2018 ; Baechler Jean, Chaline Olivier (dir.), La bataille, 2018 ;  Baechler Jean (dir.), La guerre civile, 2018 ; Baechler Jean, Boëne Bernard (dir.), Les armées, 2018 ; Baechler Jean (dir.), Guerre et religion, 2016 ; Baechler Jean, Holeindre Jean-Vincent, Penseurs de la stratégie, 2014…

[4] Homère, L’Iliade, chant VI, v.490-492

[5] Le Meur Nadine, « représentations des femmes dans la guerre en Grèce ancienne : l’exemple de l’Iliade, in Jean Baechler, Marion Trévisi, La guerre et les femmes, 2018, Paris, Hermann, p.19-30

[6] Ibid., p.24 – voir Iliade, XXIV, v. 719-776

[7] Bette Peggy, « le deuil et la pension : pistes pour une histoire comparée des veuves de la Première Guerre mondiale en Europe », in Baechler, Trévisi (dir.), op.cit., p.43-53

[8] Ibid., p.51

[9] Grenouilleau Olivier, « être femme et esclave », in Baechler, Trévisi (dir.), op.cit., p.31-42

[10] Cicéron, Pro Milone, 4,11 : «  silent enim leges inter arma », in Battesti Michèle, op.cit.., p.96

[11] Battesti Michèle, « le viol, une arme de guerre multiséculaire ? », in Baechler, Trévisi (dir.), op.cit.,  p.95-121

[12] Saint-Augustin, La Cité de Dieu, I, chap. VII :  les femmes violées ne doivent pas se suicider car « celui qui la déshonore est le seul coupable, et non celle qui n’a point donné son consentement », ibid., p.97 – La condamnation du viol est rappelée à maintes reprises, de l’Arbre des Batailles d’Honoré Bonet au XIIIe siècle aux Articles de guerre de Gustave-Adolphe de Suède au XVIIe siècle qui précisent dans leur article 88 : : « celui qui aura forcé une femme afin d’abuser d’elle, pour autant que la chose soit prouvée, sera mis à mort pour cet acte », ibid., p.101

[13] Article « Viol » de l’Encyclopédie, 1765, t.17, ibid. p.100

[14] En 1863, le code pour les armées américaines en campagne élaboré par Francis Liber précise que la peine de mort pour viol peut être suspendue si la situation militaire l’exige

[15] Ibid., p.108

[16] Ibid., p.118

[17] Lévy Christine, « le soutien des féministes aux revendication des « femmes de réconfort » : question de genre dans les conflits de mémoire en Corée et au Japon,  in Baechler, Trévisi (dir.), op.cit., p.75-93

[18] A partir de 2011, des statues de femmes sont érigées devant l’ambassade du Japon en Corée à  chaque décès d’une survivante.

[19] Benoît Christian, « les femmes des BMC de l’armée française, 1830-1995 »,  in Baechler, Trévisi (dir.), op.cit., p. 167-177

[20] Christian Benoît évoque par exemple la désapprobation de Louis IX exprimée à l’encontre de la présence de bordels dans les environs de Damiette durant la septième croisade évoquant (1248-1257)

[21] Planiol Arnaud, « le harcèlement et les violences à caractère sexuel dans les armées américaines », in Baechler, Trévisi (dir.), op.cit.,  p.123-135

[22] Planiol Arnaud, op.cit., p.127 – A l’exception de l’US Army, le Département de la Défense américain traite les procédures de harcèlement et d’agression de façon distincte, sans toujours considérer que le premier est un prélude au second.

[23] Le Meur Nadine, op. cit., p.21-22

[24] Grenouilleau Olivier, op.cit., p.40

[25] Trévisi Marion, « les compagnes de guerre en France à l’époque moderne, d’autres oubliées de l’histoire », in Baechler, Trévisi (dir.), op.cit.,  p.151-165

[26] Ibid., p. 153

[27] Antier Chantal, « les Anges blancs dans l’enfer de la Grande guerre », in Baechler, Trévisi (dir.), op.cit., p.179-185

[28] Ibid., p.182

[29] Fouchard Dominique, op.cit., p.62

[30] Fouchard Dominique, « les paradoxes de Marguerite », p.53-62

[31] Bertrand-Dorléac Françoise, « femmes en résistance : l’art en France, 1940-1945, in Baechler, Trévisi (dir.), op.cit., p.63-73

[32] Doan Cam Thi, « dans l’intimité d’une jeune combattante de la guerre du Vietnam : le journal retrouvé de Dang Thuy Tram », in Baechler, Trévisi (dir.), op.cit., p.201-213

[33] Hélary Xavier, « Jeanne d’Arc, femme de guerre, chef de guerre », in Baechler, Trévisi (dir.), op.cit., p.137-150

[34] Mann Carol, « Combattantes dans les groupes armées : de la guérilla au terrorisme », in Baechler, Trévisi (dir.), op.cit., p.225-235

[35] Trévisi Marion, op.cit., p.155-156

[36] Tréhel Gilles, « combattantes de la Grande guerre et médecins psychanalystes », in Baechler, Trévisi (dir.), op.cit., p.187-199

[37] Ibid., p.190

[38] Mann Carol, op.cit., p.225

[39] Mann Carol, op.cit., p.226

[40] Baechler Jean, « les femmes et la guerre », », in Baechler, Trévisi (dir.), op.cit., p.7-16

[41] Ibid., p.11

[42] Ibid., p.13

[43] En 2012, les forces armées des pays de l’OTAN comptent en moyenne 10,5% de femmes avec un maximum de 20% en Hongrie et un minimum de 2,5% en Pologne, la France et les Etats-Unis se situant au dessus de la moyenne avec respectivement 15,1% et 14% de femmes dans leurs rangs – Boëne Bernard, op.cit., p.215

[44] Boëne Bernard, « des femmes et des fonctions de combat : réalités et termes du débat », in Baechler, Trévisi (dir.), op.cit., p. 215-224

[45] Ibid., p.216

[46] Ibid., p.223-224

[47] On peut regretter l’absence de renvoi à certains travaux de synthèse. Par exemple, sur la question des viols de guerre : Branche Raphaëlle & Virgili Fabrice (dir.), Viols en temps de guerre, Paris, Payot, 2011 – Ou sur la prostitution coloniale : Taraud Christelle, La prostitution coloniale. Algérie, Tunisie, Maroc (1830-1962),  2003,  Paris : Payot, 495 pages.

[48] Pour une première approche de ce courant très prolifique dans le monde universitaire anglo-saxon : Enloe Cynthia, Faire marcher lesfemmes au pas ? Regards féministes sur le militarisme mondial, 2015, Solanhets, , 312p. ; Boutron Camille, Femmes en armes – Itinéraires de combattantes au Pérou (1980-2010, Rennes, PUR, 222 p. ; Mackenzie Megan, Beyond the band of brothers – The US Military and the myth women can’t fight, 2015, Cambridge University Press, 220 p.

[49] Boëne Bernard, op.cit., p.219-222

[50] Pour des études affirmant que la prévalence des syndromes post-traumatiques n’est pas différente entre les hommes et les femmes, voire est inférieure chez les femmes, voir : Harel-ShalevAyelet, Daphna-Tekoah Shir, Breaking the binaries in security studies – A gendered analysis of women in combat, 2020,  Oxford University Press 152 p. – Les auteures citent notamment les trois études suivantes :                 Jacobson Isabel G., Donoho Carrie J., Crum-Cianglone Nancy F., Maguen, Shira, « longitudinal assesment of gender differences in the development of PTSD among US Military Personnel deployed in support of the Operations in Iraq and Afghanistan », Journal of Psychiatric Research, 2015, 68, 30-36 ; •    2016, Green Jonathan D., Bovin Michelle J., Erb Sarah E., Lachowicz Mark, Gorman Kaitlin R., Rosen Raymond C, et al., « the effect of enemy combat tactics on PTSD prevalence rates : a comparison of operation iraqi freedom deployment phases in a sample of male and female veterans », Psychological trauma : theory, research, practice and policy? 8 (5), 634-640 ;      Burkman Christine, Maguen Shira, « gender differences in sleep and War-zone related post-traumatic stress disorder », in Vermetten Eric, Germain Anne, Neylan Thomas C., Sleep and Combat-related post traumatic stress disorder, 2018, New-York, Springer, 424 p.

[51] Perrot Michelle, Les femmes ou le silence de l’histoire, Champs Histoire, 1998, 424 p.

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